Le CTC et ses partenaires de recherche présentent les premiers résultats d’une enquête nationale sur le harcèlement et la violence au travail.
Depuis des années, les travailleuses et travailleurs et leurs défenseurs attirent l’attention sur la question courante et répandue du harcèlement et de la violence au travail. Toutefois, en raison de l’absence de données spécifiques au Canada, il est difficile de connaître l’ampleur et la nature du problème.
Pour y remédier, le CTC et des chercheuses de l’Université Western et de l’Université de Toronto ont lancé en 2020 la première enquête nationale sur le harcèlement et la violence au travail. Les résultats de l’enquête fournis par les réponses des quelque 5 000 participantes et participants donneront une idée plus précise de la façon dont les travailleuses et travailleurs subissent le harcèlement et la violence. Le rapport initial, intitulé « Le harcèlement et la violence dans les milieux de travail au Canada : cela [ne] fait [pas] partie de la description de tâche », a été publié aujourd’hui.
Les résultats de ce rapport sont troublants :
- 7 travailleuses et travailleurs sur 10 ont subi une forme de harcèlement et de violence au travail.
- Près de 1 travailleuse ou travailleur sur 2 a subi un comportement de harcèlement et de violence sexuels au cours des deux dernières années.
- Les femmes, les travailleuses et travailleurs trans, non binaires et ayant une identité de genre différente sont soumis à des taux plus élevés de harcèlement et de violence.
- Les répondantes et les répondants autochtones ont subi des taux de harcèlement et de violence (79 %) et de harcèlement et de violence sexuels (47,8 %) nettement plus élevés.
- Les travailleuses et travailleurs ayant un handicap ont subi des taux de harcèlement et de violence nettement plus élevés.
- Des tierces personnes (comme des clients et patients) et des collègues étaient les auteurs les plus fréquemment signalés.
- 70 % des travailleuses et travailleurs qui ont subi du harcèlement et de la violence ont dû manquer du travail en raison des effets négatifs.
- 88 % des travailleuses et travailleurs qui ont subi du harcèlement et de violence ont été « mutés, suspendus ou renvoyés ou ont perdu un ou des quarts de travail » à cause du harcèlement et de la violence.
- 1 personne sur 4 a indiqué que le fait d’avoir fait un signalement a aggravé la situation.
« Le rapport porte un regard important et sombre de l’état actuel du harcèlement et de la violence dans les milieux de travail canadiens », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC). « C’est un signal d’alarme et l’occasion de réévaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Les résultats fournissent une ferme assise factuelle afin de déterminer les mesures que nous devons prendre. »
Les résultats de l’enquête nous indiquent que les travailleuses et travailleurs ne subissent pas le harcèlement et la violence de la même manière. Les travailleuses et travailleurs autochtones, racialisés, ayant un handicap et de la communauté 2ELGBTQQIA+ subissent des formes différentes et des taux plus élevés de harcèlement et de violence.
L’enquête a également révélé que le taux de violence exercée par des tierces personnes, comme des clients ou patients, est extrêmement élevé, ce qui signifie que nous devons prendre davantage de mesures pour protéger nos membres qui travaillent avec des tierces personnes. Cette importante constatation aidera les syndicats à créer des stratégies de prévention ciblées pour assurer la sécurité des travailleuses et travailleurs.
« Nous savons qu’il n’existe pas de solution universelle et nous sommes prêts à nous atteler à la tâche pour lutter contre le harcèlement et la violence sous toutes ses formes », déclare Madame Bruske. « Nous sommes particulièrement préoccupés par les résultats portant sur le signalement, qui indiquent que trop peu de travailleuses et travailleurs dénoncent leurs expériences et que ceux qui dénoncent sont souvent insatisfaits de la suite. De toute évidence, les procédures de signalement que nous avons en place actuellement ne fonctionnent pas. »
Le rapport initial aidera à entamer des conversations avec les membres au sujet des changements qu’ils veulent voir de la part de leurs syndicats, de leurs employeurs et de leurs gouvernements. La lutte contre le harcèlement et la violence au travail exigera un engagement de la part des trois parties prenantes. Les syndicats du Canada sont impatients de travailler en étroite collaboration avec les employeurs et les gouvernements pour créer des milieux de travail exempts de harcèlement. Le CTC élabore un plan pluriannuel pour lutter contre le harcèlement et la violence, qui comprendra des programmes éducatifs, des approches en matière de négociation collective et un programme législatif. Les rapports ciblés fourniront des données plus détaillées afin de mieux comprendre les effets du harcèlement et de la violence sur les travailleuses et travailleurs marginalisés. Ces rapports contribueront à l’élaboration et à la mise en œuvre de stratégies indispensables pour assurer la sécurité de tous les travailleurs et travailleuses.
« Nous tenons à remercier tous les travailleurs et travailleuses qui ont répondu à cette enquête d’avoir partagé leurs histoires et leurs expériences. Nous savons que c’est une occasion de créer un changement durable, et que le mouvement syndical ne laissera pas passer cette occasion. Nous sommes prêts à faire ce qu’il faut pour rendre le travail plus sûr pour tous », indique Madame Bruske.